Divé + pour l'inclusion des diversités ! Entretien avec Tau Barut.
J'ai travaillé avec Tau l'hiver dernier et nous nous sommes recroisés au Micro Salon où il tenait le stand de Divé +. Cette association est née de l’initiative du directeur de la photographie Kanamé Onoyama, en février 2021, qui a été rejoint rapidement par des professionnels de l’image comme Paloma Pineda, directrice de la photographie et Sylvain Chaux, assistant caméra, tous trois motivés par l'idée de bousculer le monde du cinéma en encourageant la diversité et l’inclusion. Lors de notre rencontre au Micro Salon 2023, Tau m’a expliqué son désir de voir cette association dépasser le cercle des techniciens de l’image et s’ouvrir aux autres départements, entre autres celui du son. Je saute sur l'occasion pour présenter le travail de cette bande à nos membres!
EK : Tu peux nous en dire plus sur l’activité ou l’initiative de Divé+ ?
Tau Barut : Divé+ est une association créée par des professionnels pour les professionnels, qu’ils soient techniciens débutants ou confirmés. Elle s’adresse aussi tout particulièrement aux jeunes qui désirent se lancer ou même juste découvrir le monde du cinéma. Au sein de Divé, nous partageons des idées, nous évoquons nos besoins, nous confrontons nos points de vue, nous échangeons avec bienveillance pour atteindre ce qui est notre objectif : l’inclusion sociale et culturelle, favoriser l’accès à la connaissance dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. Il s’agit donc d'abord de "comprendre" l’autre, de favoriser une écoute réelle, et de construire l’industrie de demain. La première action que nous avons mise en place avec Divé+ et dont nous sommes très fiers, c’est le mentorat dont le but est de permettre aux membres Divé+ qui n’ont pas beaucoup d’expérience sur les plateaux, de venir découvrir et observer un poste ou un département en action, sur un plateau de tournage, pendant les essais caméra ou même pendant la phase de post-production.
EK: Ça se passe comment le mentorat en pratique ?
TB: L'idée est simplement de permettre à un.e menté.e de nous accompagner sur un tournage. Il faut bien entendu au préalable être clair avec la production, s'assurer que ça ne pose pas de problème, mais, en général, il suffit d'expliquer le principe de notre démarche et de bien spécifier qu’il ne s’agit ni d’un stage ni d’un travail. Les menté.es sont avec nous en simple observation. Pour eux, c’est une opportunité pour découvrir un métier en observant des chef.fes de poste et leurs assistant.es travailler et en même temps, ils découvrent d’autres départements qui pourraient les intéresser… Il faut essayer de privilégier les projets où les décors ont des accès simples, ce qui permettra au.x menté.e.s de venir seul.e (à pied, en vélo, transports en commun).
La plupart des productions acceptent spontanément la venue de nos menté.es assez facilement, considérant qu’à part la prise en charge du repas, ils n’ont finalement pas de dépenses supplémentaires pour cette personne. Cette action a déjà porté ses fruits au cours de la première année. C’est un bon moyen aussi pour nous mieux connaître les membres de notre association, le mentorat nous permet aussi de pouvoir recommander avec plus de justesse ces personnes pour des offres de stages ou de jobs qui pourraient se présenter par la suite.
EK : vous avez d’autres moyens d’action ?
TB: À travers l’association nous avons également pu mettre en place une série d’ateliers pour accompagner des collègues et des jeunes techniciens sortant d’écoles. Au cours de l’année 2022, trois ateliers « Pellicule, 16 et 35mm », ainsi que deux ateliers « assistanat vidéo » ont eu lieu. Les ateliers se font sur une journée et par petits groupes d’une quinzaine de personnes, ce qui nous permet en tant qu’enseignants d’avoir une vraie écoute et ce qui permet aux participants de manipuler tour à tour le matériel et poser toutes les questions qu’ils ou elles ont en tête.
EK: Vous faites de l’image à la base mais en réalité c’est un procédé qui peut facilement s’adapter à d’autres corps de métiers non?
TB: La grande majorité de nos membres souhaite intégrer le département caméra, c’est une façon de consolider leur entrée dans le métier. Comme la collaboration est l’essence même de nos professions, il semble tout à fait nécessaire que nous puissions accompagner nos membres vers différents départements qui participent à la création d’un film ou d’une œuvre audiovisuelle, décoration ou bien entendu le son par exemple. Nous serions effectivement ravis de pouvoir rencontrer et accueillir des membres de l’AFSI lors de nos ateliers, ne serait-ce que pour pouvoir échanger avec des technicien.nes du son qui partagent nos valeurs et souhaitent aussi partager leurs connaissances et méthodes de travail. Celles et ceux qui seraient intéressé.es peuvent venir nous rencontrer lors de nos réunions mensuelles, les « Divé Talk », autour d’un verre ou encore suivre nos actions et évènements via notre compte Instagram.
EK: Quels constats vous faites sur les tournages et la post-production ?
TB: Nous avons constaté une vraie amélioration par rapport aux générations précédentes quant à l’entrée dans le métier de jeunes issus de la diversité. Mais encore beaucoup de technicien.nes semblent atteindre rapidement un « plafond de verre » à cause de leur origine, de leur orientation sexuelle ou de leur genre. Cela reste un problème auquel nous devons nous intéresser concrètement. Nous souhaitons faire en sorte que chacune de ces histoires, qui sont aussi "nos" histoires, trouvent leur place au sein du cinéma français, dans les films comme dans le monde professionnel, dans les mentalités des corps de métiers, de l'ensemble des travailleurs et des sociétés de productions… C’est aussi important que nous ayons l’opportunité de pouvoir accompagner et raconter ces histoires par nous-mêmes, naturellement, en y prenant part. Nous souhaitons prendre plus de place devant et derrière la caméra, et la même question se pose pour l’ensemble des départements. Nous pensons que la diversité d’une équipe est ce qui en fait sa force, et un moyen de produire des œuvres plus créatives et originales.
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